EXPOSITION "Hôtel de Matignon"
Du 4 février au 10 mars 2014
Le salon d’attente du pavillon Montalivet de l’Hôtel Matignon, situé au 58 rue de Varenne, abrite pour deux mois une sélection d’œuvres de l’artiste plasticien marseillais, Jean -Luc Maniouloux. Issu de l’univers du graphisme et de l’illustration, Jean -Luc Maniouloux met en scène des insectes naturalisés, leur redonnant vie avec une poésie teintée d’humour.
A la différence de la marche triomphale, imposante et silencieuse de la grande galerie du Muséum d’histoire naturelle de Paris, l’univers animal de l’artiste est à échelle réduite, constitué de fourmis ou de bourdons. Moins majestueuse leur marche n’en est pas moins sans conséquence sur notre propre univers, puisqu’ils s’évertuent à rayer, détruire, malgré leur taille, les matériaux qui nous entourent. L’artiste sait capter le moment décisif où notre monde manufacturé, solide et protecteur est mis à mal par cette faune minuscule et déterminée à vivre sa vie malgré les contraintes matérielles qui l’environnent. Notre quotidien aseptisé est mis à mal et se voit fissuré, explosé sous leur impact. Quelques fourmis besogneuses cherchent à se frayer un chemin dans cet univers minéral, en creusant des sillons dans un carrelage si blanc et si parfait.
L’interprétation du mythe grec de Sisyphe, qui en guise de châtiment divin, doit rouler en vain, au sommet d’une colline un énorme rocher met en scène ici un scarabée aux prises avec du papier peint qu’il décolle et roule inlassablement. On se plaira à y voir comme le pensait Albert Camus, dans son essai intitulé Le mythe de Sisyphe: « la lutte elle-même vers les sommets sut à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux». De cette vision philosophique de la lutte et de la révolte, Jean-Luc Maniouloux nous transporte dans un monde humoristique, où l’homme semble transposer son propre mode de vie à celui de cette minuscule faune. Ainsi, dans la composition intitulée samedi soir, l’insecte qui semble avoir un peu trop fait la fête, imprime dans l’air un sillage sans équivoque. C’est un moment éphémère et poétique où Jean-Luc Maniouloux transforme l’invisible en sensible, où le temps semble suspendu alors que vole en éclat une ampoule électrique au passage d’un bourdon.
HÔTEL DE MATIGNON
Pavillon Montalivet
58 RUE DE VARENNE
75007 PARIS